Fiche n°50

A Hem, des habitantes mobilisées contre la rénovation de leur quartier font face au refus de dialogue des autorités

Présentation

En réponse à la mobilisation de femmes d’un quartier populaire de Hem contre la destruction totale de leur cité, la municipalité refuse le prêt de salle au collectif d’habitantes et écarte du débat leur contre-projet construit en lien avec une association pour le droit au logement.

Description

Samedi 9 septembre 2017 :
Lors d’une réunion publique à la maison du football de Hem, les habitants de la cité familiale de la Lionderie découvrent, avec la présentation d’une maquette du cabinet d’architectes Maa, que leur quartier va être entièrement rasé. Les élu.es tempèrent en indiquant que rien n’est acté et que la décision revient à la Métropole Européenne de Lille (MEL) et à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) qui doit inscrire le quartier dans son deuxième plan. Mais les esprits s’échauffent et la tension est palpable. Excédée une femme se lève et crie : « Ça fait 40 ans que vous nous prenez pour des cas soc’ ! On va vous montrer qu’on n’est pas des cas soc’ ! »
A la suite de cette réunion un collectif de femmes habitantes de la Lionderie se mobilise face au projet de rénovation urbaine. Un premier diagnostic est tiré : 41 ménages sur la cinquantaine présents dans la cité ne souhaitent pas déménager. Le centre social du quartier refuse pourtant de prêter une salle au collectif estimant son objectif « trop politique ». Les habitantes se mettent pourtant d’accord sur une base de revendications commune : « réhabilitation des maisons insalubres », « respect du choix des locataires », « participation des habitants au nouveau projet urbain ». Via une association de droit au logement, les femmes de la Lionderie sollicitent l’aide d’architectes bénévoles qui pourraient leur permettre de dresser un nouveau projet urbain. « On va montrer à Vercamer qu’on a des idées » déclare l’une d’elle. Leur travail s’engage en collectif avec le soutien de l’Atelier populaire d’urbanisme de Fives à Lille qui met à disposition des habitants le travail bénévole de deux architectes. Le collectif se réunit toutes les semaines pendant plusieurs mois et abouti à la construction d’un contre-projet urbain qui prend en compte les envies des habitant.es avec un nombre réduit de démolitions, des réhabilitations lourdes et la possibilité d’accéder à de nouveaux logements pour les locataires souhaitant quitter la cité.

Début avril 2018 :
Le collectif d’habitantes organise une réunion publique pour présenter son projet et invite l’ensemble des décideurs. La MEL, les bailleurs et les architectes ne répondent pas à l’invitation. Le maire, quelques adjoints, des techniciens de la municipalité et le conseil citoyen répondent présent. A l’espoir que suscite cette rencontre va rapidement se substituer une douche froide. Le discours pro-démolition persiste. Les membres du conseil citoyen se veulent rassurants. Ils promettent de faire « remonter » les demandes des habitantes. Mais le conseil citoyen finit par renvoyer une lettre délivrant « un avis défavorable sur le (contre) projet présenté ». L’expérience est brutale : « c’est fini on ne peut pas se battre contre l’ANRU, ils sont trop forts » explique une habitante. Elle décide avec plusieurs ami.es d’abandonner la lutte. D’autres poursuivent le combat, notamment pour le relogement, mais l’humeur est morose.

Type d'action collective sanctionnée

Opposition à un projet de rénovation urbaine et élaboration d’un contre-projet par les habitantes.

Institution responsable

Francis Vercamer, maire de Hem

Sources

Interview d’un membre du collectif opposé aux démolitions, 26/03/2020.

Articles de presse  :

Date