Fiche n°33

Coupes de subvention et expulsion de son local de l’Association Nouveau Regard sur la Jeunesse

Présentation

Suite à son investissement dans la Table de quartier du Pile, à Roubaix, l’ANRJ s’est vu expulser du local qu’elle occupait à la Maison du projet. Elle a ensuite vu ses subventions coupées par la ville et la Préfecture.

Description

Janvier 2015 :
L’ANRJ s’installe dans ses nouveaux locaux au sein de la Maison du Projet du Pile, son local historique (loué à la ville de Roubaix) devant être détruit dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine, car jugé insalubre.

Mai-Juillet 2015 :
Mobilisation d’habitants du quartier du Pile contre un projet de rénovation urbaine qui s’impose à eux, dans le cadre d’une Table de quartier portée par l’ANRJ et l’Université Populaire et citoyenne de Roubaix. La ville est prise pour cible, les habitants lui reprochant un défaut de concertation.

28 janvier 2016 :
A l’occasion d’une session du conseil municipal l’élue de quartier déclare : « Je regrette que certains responsables associatifs, qui n’habitent pas le quartier, profitent de la détresse des habitants ». La ville dénonce la « manipulation » des habitants par les associations à des fins politiques.

Printemps 2016 :
Demandes de subvention faite à la ville dans le cadre de la Politique de la ville non renouvelée.

Septembre 2016 :
Fermeture de la Maison du projet suite à un conflit entre une élue et des membres de l’ANRJ. Quelques mois plus tard, la convention d’occupation de la Maison du Projet par l’ANRJ se termine et n’est pas renouvelée par la mairie pour une raison inconnue. L’association se retrouve sans local.

Avril 2017 :
Réouverture de la Maison du projet, l’ANRJ ne retrouve pas le local qu’elle y occupait. Après plusieurs mois sans espace physique de rassemblement elle obtient un local en centre-ville à la Maison des associations.

Mai 2017 :
Refus d’organisation de réunions de la Table de quartier à la Maison du projet, au motif que celle-ci serait occupée. Preuve est faite que le local était disponible aux dates demandées.

10 octobre 2017 :
Parution dans la presse locale d’un article dénonçant la distribution de repas à des détenus issus du quartier pendant le ramadan et l’organisation d’une vente de gâteaux à l’occasion d’une conférence de Tariq Ramadan. Le journaliste dénonce le prosélytisme de l’association et interroge quant à son financement public. L’association conteste l’interprétation des faits.

11 octobre 2017 :
Annulation d’un rendez-vous prévu en préfecture au sujet du financement de l’association. Le Préfet de région précise alors dans la Presse :

« L’État a bien constaté une forme de prosélytisme dans les activités de l’ANRJ. L’association continue pourtant de percevoir de la Direction régionale de la jeunesse et de la ville de Roubaix près de 12 000 euros par an pour financer un emploi associatif. (…) Pour l’an prochain, nous donnerons des directives claires pour que cette convention ne soit pas renouvelée ».

Début 2018 :
L’ANRJ ne dispose plus de financements publics.

22 mars 2018 :
Question écrite au Sénat de M. Patrick Kanner, où est indiqué

« la collectivité n’a pas voulu reconnaître la table de quartier du Pile comme une instance de participation (en sus des conseils citoyens balbutiants à Roubaix), lui refusant de se réunir à la maison du projet, ne répondant pas à ses courriers, lui refusant les contacts avec élus et techniciens et réduisant fortement les subventions des deux associations porteuses, l’association nouveau regard sur la jeunesse (ANRJ) et l’université populaire et citoyenne (UPC). »

Septembre 2018 :
La ville réclame plusieurs années d’arriérés de loyer impayés pour l’ancien local de l’association – soit près de 15.000 euros –, inoccupé du fait de son insalubrité. L’association dépose plainte devant la justice.

Type d'action collective sanctionnée

Un discours qui dénonce le défaut de concertation de la municipalité dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine.

Institution responsable

  • Mairie de Roubaix
  • Préfecture de région des Hauts de France

Preuves

  • Disqualification : propos tenus dans la presse par le Préfet de région ; propos tenus en conseil municipal par l’élue de quartier
  • Accès au local : Film ; presse
  • Coupes de subventions : presse
  • Demande de paiement du loyer : plainte en justice par l’association

Conséquences pour l’association

  • Non-renouvellement du contrat d’un salarié faute de moyen
  • Repli sur un local situé en dehors du quartier (à la Maison des associations)
  • Baisse de l’activité de l’association et disparition de la Table de quartier

Sources

Articles de presse :

Date