Fiche n°10

Intimidation d’un militant anti-pesticide par une cellule de gendarmerie

Présentation

Créée en octobre 2019 par le ministère de l’Intérieur, la cellule Déméter censée lutter contre « l’agri-bashing » fait l’objet de vives controverses notamment de la part des militants écologistes. Le 26 janvier 2020, plusieurs gendarmes ont rendu visite au président d’une association contre l’utilisation pesticides. Un interrogatoire qui s’apparente pour les militants à une forme de pression, voire d’intimidation.

Description

3 octobre 2019 :
Création par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, d’une nouvelle cellule de la gendarmerie nationale contre « l’agribashing » et les « violences en milieu agricole ».

19 décembre 2019 :
Création, par Fabienne Buccio, préfète de la Gironde de « l’observatoire départemental de l’agribashing ». Le constat est le suivant :

« En Gironde, comme partout en France, la stigmatisation des activités agricoles, d’élevage et de vente de produits issus de ce secteur communément appelée « agribashing », conduit à une multiplication des actes d’incivilité, d’intimidation voire de violence envers les professionnels en lien avec l’agriculture, notamment sous l’action de groupuscules parfois radicaux et violents ».

15 janvier 2020 :
Dans une tribune publiée sur le site Reporterre, élus et militants associatifs écologistes dénoncent la volonté du gouvernement de

« faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle ».

26 janvier 2020  :
Après avoir été appelés à plusieurs reprises par la gendarmerie, Henri Plandé, conseiller pédagogique et président de l’association « Alerte pesticides Haute Gironde », reçoit la visite de deux gendarmes. Il est en pleine préparation des États généraux des riverains autour de la question des pesticides qui doivent avoir lieu le 15 février. L’association relate ce rendez-vous sur son site Internet :

« Deux gendarmes se présentent, l’un d’eux porte un énorme pistolet sur la cuisse, et un gilet pare-balle comportant des dizaines de poches gonflées de tubes bizarres (tenue réglementaire, disent-ils). Le sergent-chef rassure “Oui, on vient pour DEMETER, mais nous ne sommes pas là pour vous surveiller.” (…) Si son but n’est pas de nous surveiller, les questions du sergent-chef sont tout de même assez précises :
  « Il y a aura aussi des viticulteurs conventionnels ? » (ils sont invités)
  « Le 15, n’importe qui pourra témoigner et dire ce qu’il veut ? » (oui, dans la mesure où ils restent respectueux)
  « Vous avez un document sur cette journée ? » (oui, il est sur notre site, sur notre page FB, et nous le remettons ci-dessous)
  « Mais, est ce qu’il y aura des marches dans la ville, des défilés ? » (non, pas cette fois, mais ce n’est pas interdit pour la suite)
Nous sommes à la campagne et les relations sont d’abord des relations humaines. Il n’y a pas de menaces et le sergent-chef conclut la discussion en reconnaissant avec humour que nous ne sommes pas des terroristes et que notre projet est bien d’organiser « un débat calme entre personnes de bonne volonté ». Il précise qu’il n’a pas l’intention d’envoyer 15 fourgons de gendarmes (ouf !) le jour des EGR mais ajoute en partant : « Vous avez mon numéro de téléphone. N’hésitez pas à m’appeler si besoin ». »

« On prend le café, on est à la campagne, raconte Sylvie Nony, compagne et vice-présidente de l’association dans le journal Le Monde. Mais on a le sentiment d’être assimilés à des délinquants, voire à des crapules – puisque la cellule s’occupe d’actes crapuleux. »

Type d'action collective sanctionnée

Critique de l’utilisation de pesticides

Institution responsable

Préfecture de Gironde

Sources

Documents :

Articles de presse  :

Date