Fiche n°27

La préfecture Meurthe-et-Moselle inculpe une association écologiste après l’organisation d’une manifestation

Présentation

Suite à une Marche pour le Climat à Nancy le 8 décembre 2018, le président des Amis de la Terre, Florent Compain, a été convoqués le 9 mai 2019 au poste de police et inculpé pour organisation d’une manifestation interdite. L’inculpation se base sur un arrêté préfectoral interdisant tout rassemblement en raison du mouvement des gilets jaunes. Les organisateurs dénoncent une « entrave au droit de manifester ».

Description

8 décembre 2018 :
A l’appelle de dizaines d’ONG et de syndicats, et à l’occasion de la conférence climat de l’ONU, plusieurs dizaines de milliers de personnes participent à la marche pour le climat dans plusieurs villes de France. L’initiative prend place dans le mouvement des gilets jaunes entamé depuis quelques semaines et de violents affrontements entre manifestants et policiers.
A Nancy, alors que la manifestation était annoncée depuis plusieurs mois, l’organisation de la marche a fait l’objet d’un bras de fer avec la Préfecture de Meurthe-et-Moselle dans les derniers jours. Florent Compain, président des Amis de la terre, explique à Reporterre :

« Le préfet m’a téléphoné, vendredi [7 décembre 2018] matin, alors qu’il se trouvait avec le maire de Nancy et le procureur général. Il m’a demandé d’annuler la Marche au motif que les Gilets jaune constitueraient une menace pour nous. Pire : d’après le préfet, ils seraient armés ! Les policiers eux-mêmes m’avoueront que c’est totalement faux ! Toujours au téléphone, le préfet m’a dit que j’étais "complétement irresponsable". Je lui ai répondu que c’est nous qui sommes responsables face à l’urgence climatique. Et qu’on était prêts à se réunir avec lui pour redéfinir entièrement le parcours s’il le faut. »

Face au refus du préfet, et malgré un arrêté préfectoral d’interdiction de la manifestation, 74 personnes se déclarent co-organisatrices de la Marche. Denys Crolotte, président du Mouvement pour une alternative non violente, explique : « Avant le départ, on a pris le temps d’expliquer à tous les participants que la manifestation était interdite par la préfecture et on a soumis au vote son maintien. » Finalement, la marche se déroule et prend fin « dans une ambiance bon enfant ».
Vers 16h30, Denys Crolotte et Florent Compain sont invités par des policiers à se rendre au commissariat pour une audition libre – « ils nous ont bien dit « libre » ». Une fois entrés dans le commissariat, ils ont été prévenus de leur placement en garde-à-vue et ne seront libérés que 21 heures plus tard, dimanche 9 décembre 2018, à 12h.

« On a été en garde à vue parce qu’on a fait un magnifique pied-de-nez au préfet. (…) Il est clair qu’il y a eu une alliance entre le préfet et le procureur de la République. Normalement, on place 24 heures en garde à vue les organisateurs d’une manifestation non déclarée. Or, la nôtre était déclarée de longue date... » explique Denys Crolotte après sa libération.

Pour Florant Compain :

« Le motif de notre détention était politique. Au commissariat, les policiers ne se sont pas cachés pour nous dire que les ordres venaient d’en haut. Ni pour nous encourager et nous féliciter pour l’organisation et le bon déroulement de la Marche ! »

9 mai 2019 :
Florent Compain est convoqué au poste de police pour se faire remettre une convocation devant le tribunal correctionnel de Nancy pour une procédure de plaider coupable. La même procédure, pour la même date a été délivrée à Denys Crolotte.

Type d'action collective sanctionnée

Organisation d’une marche pour le climat à Nancy pendant le mouvement des gilets jaunes.

Institution responsable

Préfecture de Meurthe-et-Moselle

Sources

Articles de presse  :

Document  :

Date