Fiche n°97

La préfecture de police de Paris menace d’expulsion une « gilet jaune » espagnole

Présentation

Arrêtée le 1er mai 2019, Camélia, espagnole de 34 ans vivant depuis 17 ans en France avec son compagnon français et enceinte de 2 mois, risque l’expulsion du territoire. Pour la préfecture, cette participante pacifiste au mouvement des « gilets jaunes », serait “une charge déraisonnable pour l’État français et une menace à l’ordre public”.

Description

1 mai 2019 :
Camélia El K, 34 ans participe à une manifestation des « gilets jaunes ». Elle participe à ces mouvements depuis l’Acte II et prend conscience des risques que cela implique. Elle déclare : « aujourd’hui, aller manifester c’est prendre un risque pour sa santé, pour sa vie, pour sa main, pour ses yeux. Voilà le nombre de personnes qui ont été éborgnées, qui ont perdu des morceaux de leur personne dans ce combat. » C’est la raison pour laquelle elle choisi de protéger son corps avec un bouclier anti-émeute trouvé sur internet. Consciente du fait que ce type d’accessoire constitue, pour les autorités publiques, « une arme par destination » elle choisit de « mettre le paquet » sur le message qu’elle y inscrit :

« Je suis une utopiste pacifique. Cela ne sert qu’à me protéger. Je ne vous attaquerai pas. »

10h30 :
Camélia, accompagnée par d’autres manifestants, passe un contrôle de police. L’un des agents remarque le bouclier de la jeune femme. Elle est son ami se font interpeler et sont placés en garde à vue.

2 mai 2018 à 21h :
La garde à vue se termine et toutes les charges retenues contre Camélia sont abandonnées. Cependant la jeune femme, de nationalité espano-marocaine ne pourra pas rentrer chez elle. On lui annonce qu’elle est envoyée dans un centre de rétention administrative (CRA) avant d’être expulsé en Espagne car elle fait l’objet d’une « obligation de quitter le territoire français (OQTF) sans délai assortie d’une interdiction de circulation sur le territoire français de 24 mois »

23h30 :
Camélia El K est menottée et emmenée au CRA du Mesnil-Amelot réservé aux sans-papiers en attente d’expulsion. Dans l’incompréhension.

« Quand ils m’annoncent que je ne suis pas poursuivie, mais que j’ai une obligation de quitter le territoire français et que je vais être envoyée en CRA, c’est l’ascenseur émotionnel [et] Là-bas, ils ne comprenaient pas. Rien qu’en m’entendant parler français, ils m’ont demandé ce que je faisais là. » déclare-t-elle.

La préfecture de police considère que Camélia représente « une charge déraisonnable pour l’État Français » et « un trouble à l’ordre public ». Alors que la jeune femme habite en France depuis 2002, occupe un CDI et à la nationalité européenne. Son avocate dépose un recours.

6 mai 2019  :
Norma Jullien Cravotta, avocate de Camélia El K, confirme que le tribunal administratif de Versailles a annulé les décisions du préfet du Paris dimanche après-midi et que Camélia est sortie du CRA. Cependant les menaces d’expulsion ainsi l’interdiction d’entrer sur le territoire français pèse toujours sur elle.

Type d'action collective sanctionnée

Participation au mouvement des « gilets jaunes »

Institution responsable

Préfecture de police de Paris

Conséquences pour l’association

  • Menace de quitter le territoire français
  • Rétention irrégulière
  • Violence psychologique

Sources

Articles de presse :

Document  :

« Gilets Jaunes : interview de Camélia », Le Média Officiel, 08/05/2019, URL : https://www.youtube.com/watch?v=LLWpdSaddCw

Date