Fiche n°138

Le conseil municipal de Limoges contraint une association à arrêter d’accompagner à la piscine des femmes vêtues de maillots de bain couvrant

Présentation

Dans le cadre de ses missions de loisirs et d’insertion, Beaubreuil Vacances Loisirs (BVL) accompagne des femmes, habitantes de ce quartier prioritaire de Limoges, à des sorties piscines. À l’été 2022, une polémique éclate car certaines femmes portent des maillots de bain couvrants. Le conseil municipal de Limoges blâme l’association pour atteinte à la laïcité et la met en garde contre la poursuite de ces sorties. Pour le maire, ces sorties vont à l’encontre du CER ce qui motiverait une coupe de subventions. L’association a cessé cette activité tout en rappelant que le premier objectif était d’apprendre la natation à des femmes de milieux défavorisés.

Description

Au cours de l’été 2022, l’association Beaubreuil Vacances Loisirs a organisé des sorties piscine à destination des femmes du quartier. Parmi les bénéficiaires, certaines portaient un maillot de bain couvrant comme l’autorise le règlement intérieur de la piscine intercommunale de Saint-Junien qui a accueilli ces sorties. Dans cet établissement, les vêtements non destinés à la baignade sont prohibés pour des raisons d’hygiène mais les tenues en lycra sont autorisées.

Au cours du mois d’août, une polémique éclate sur les réseaux sociaux où des usagers de la piscine interpellent la communauté de commune Porte Océane du Limousin (POL). Le directeur de cabinet du président explique ne pas avoir interdit le port de maillot de bain couvrant ne souhaitant pas être “plus restrictif que ce que l’on était déjà”.

Le lendemain, les responsables associatifs et les élus de la commune de Saint-Junien se réunissent dans l’embarras puisque la ville souhaite effectivement garantir l’accueil de tous les publics peu importe la religion. Face à la polémique qui porte sur l’ensemble des usager.es de l’établissement, l’association décide d’arrêter ces sorties “pour éviter de mettre quiconque en difficulté”.

En décembre, le conseil municipal de Limoges, ville siège de l’intercommunalité, se réunit autour de la question du maillot de bain couvrant et met en cause l’association BVL. Le maire de Limoges parle alors de comportement anti-républicain et anti-laïc lors du point presse en amont du conseil et prévient l’association du risque de perdre ses subventions.

L’association n’est pas inquiète dans la mesure où elle a cessé cette activité mais se défend par l’intermédiaire de son président. Il rappelle que l’objectif est “d’apprendre à nager à des femmes de quartiers” et assume que s’il y avait bien deux femmes en burkini, cette tenue à permis à l’une de se baigner sans la crainte du regard des autres. Il mentionne également la présence de toutes sortes de vêtements de bains et l’impact très positif pour les adhérentes.

Il est notable que dans le Limousin, les règlements intérieurs des piscines sont hétérogènes vis-à-vis du maillot de bain couvrant mais qu’ils sont l’objet de mesures politique et administrative. En mars 2023, le Conseil communautaire de la métropole de Limoges a ainsi voté une nouvelle clause juridique “intégration des principes de laïcité et de neutralité du service public” à la concession de service public du centre Aquapolis. Avant cela, la laïcité n’était pas mentionnée dans le texte.

Type d'action collective sanctionnée

Sorties piscine en maillot de bain couvrant

Institution responsable

Conseil Municipal de Limoges

Conséquences pour l’association

Arrêt des sorties piscines

Sources

"Pas de burkini à l’Aquapolis de Limoges Métropole", Le Populaire du Centre, 03/03/2023.

"Burkini : une association de Beaubreuil rappelée à l’ordre par la municipalité de Limoges", Le Populaire du Centre, 14/12/2022.

"Le débat sur le burkini relancé à la piscine de Saint-Junien en Haute-Vienne", Le Populaire du Centre, 12/08/2022.

Date