À la fin de l’été 2024, le projet unitaire « le drapeau de la libération » prévoit un grand relais du drapeau palestinien sur tout le territoire hexagonal français. Ce projet s’inscrit dans la continuité d’une année de mobilisation en soutien au peuple palestinien. Ainsi, le drapeau palestinien devait être accueilli à Montpellier et Beziers les 30 et 31 août 2024. Par là même, le collectif BDS34 et l’Action Unitaire des collectifs palestiniens (AFPS, BBG, Palestine Vaincra…) ont déposé en préfectures deux déclarations de manifestations.
Le 24 août 2024, est commis un attentat incendiaire antisémite à la synagogue Beth Yaacov de La Grande-Motte. Le terroriste présumé est arrêté munis d’un keffieh ainsi que d’un drapeau palestinien.
Le 27 août est organisé un rassemblement en réponse à cette agression antisémite sur la place de la Comédie à Montpellier. Lors de ce rassemblement, le préfet accompagné d’élus dont les étiquettes vont de la gauche jusqu’au Rassemblement Nationale a prononcé la volonté d’interdire toute manifestation de soutiens au peuple palestinien et revendique les possibilités de conflit entre ses décisions et celle de la justice. La mise en lien entre l’attentat terroriste et la manifestation de soutiens autour du tour de France du drapeau est perçue comme un amalgame pour les responsables associatifs de la LDH, BDS, Libre Pensée, AFPS. Au-delà, elles dénoncent un renversement de la charge de la preuve entre les victimes du génocide à Gaza et l’Etat d’Israël.
Le 29 août la préfecture publie un arrêté interdisant les manifestations d’accueil du drapeau. L’arrêté construit un lien direct entre l’auteur de l’attentat et les associations pro-palestiniennes alors même que ces dernières revendiquent des modes d’actions collectives non-violents. Les associations dénoncent une atteinte à la liberté d’expression et de manifestation. La ligue des droits de l’homme ainsi que le collectif pour la libre pensée ont déposé un référé liberté au tribunal administratif.
L’AFPS, la LDH ainsi que la Libre pensée dénoncent des pressions lors de l’audience du référé au tribunal administratif le 30 août. La salle d’audience, d’ordinaire vide pour ce genre de recours, était comble. La présence du préfet et de partis politiques au côté des associations parties adverses comme le CRIF a surpris les associations pro-palestinienne. Au-delà, les nuisances sonores produites par cette assemblée ont empêché les prises de paroles des avocat.es de la LDH et de la Libre pensée. Le président du tribunal administratif n’est pas intervenu lors de cette obstruction alors même qu’il est chargé de la police de l’audience, du respect des prises de paroles et du calme de l’audience. Ce sont finalement les avocats de l’OJE et du CRIF qui ont dû demander le rétablissement du silence pour que leurs adversaires puissent s’exprimer. La libre pensée, par la voix de son secrétaire départemental, a annoncé la saisie du Conseil d’Etat suite à cette audience chahutée et perçue comme jouée d’avance.
Le tribunal administratif de Montpellier a rejeté le référé liberté et maintien, par là même, la décision d’interdiction de manifester. La décision du préfet a été jugée proportionnée aux circonstances. Les associations pro-palestinienne dénoncent dans cette décision une série d’amalgames et d’arguments diffamatoires tel qu’un soutien à l’action violente et au Hamas. Les associations dénoncent une forme d’acharnement administratif et judiciaire à leurs encontre à travers la multiplication des procès et des amendes pour les militant.es de BDS et la convocation au poste de police du secrétaire départemental de la libre pensée. BDS soutient que l’amalgame fait entre l’attentat et les associations s’inscrit, au-delà de la garantie de l’ordre public, dans une volonté de silencier les actions de soutiens aux palestiniens décédés.
Une coalition d’associations et de partis politiques déclare une manifestation pour le 12 octobre. Là encore, un arrêté d’interdiction est déclaré par la préfecture. Une fois de plus l’attentat de la synagogue Beth Yaacov est mobilisé pour justifier de l’interdiction de la manifestation « pour un cessez-le-feu immédiat, contre les ventes d’armes à Israël et contre la criminalisation et la répression du mouvement de solidarité à la Palestine ». Un recours a été déposé.