Séminaire Libertés associatives et démocratie, saison 2024/2025

, par Antonio Delfini

Le séminaire Libertés associatives et démocratie reprend pour une deuxième saison. Il vise toujours à construire un lieu d’échange autour des savoirs relatifs à la répression associative, aux rapports entre l’État et les mobilisations sociales et aux dynamiques autoritaires qui travaillent les démocraties contemporaines.

Il est arrimé au projet ANR LAIC - « Libertés associatives et initiative citoyenne » - il vise à construire une communauté d’intérêts autour de ces questions, rassemblant chercheurs, militants associatifs et politiques, citoyens. Projet mu par une démarche de recherche participative, le séminaire croisera perspectives académiques et associatives.

Au contraire de la première année, les séance auront désormais lieu de 17h30 à 19h30 au CNAM, 2 rue Conté dans le 3e arrondissement de Paris – Accès 30, Niveau -1, Salle n°20, ainsi qu’en visio.

7 octobre 2024 : L’extrême-droite : canal et cible de la répression associative ?

Si la restriction des libertés associatives est notamment l’œuvre des pouvoirs publics, l’extrême-droite joue un rôle croissant. Manifestations, attaques physiques ou raids numériques se succèdent contre des groupes militants antiracistes, féministes ou solidaires. Ces attaques prennent-elles une forme spécifique ? Comment y répondre ? Que peut nous enseigner l’histoire de ce point de vue, tant ces manifestations liberticides ne sont pas nouvelles ? Mais l’extrême-droite est également la cible de restriction des libertés associatives, comme l’illustre la multiplication des dissolutions de groupuscules ces dernières années. Faut-il s’en réjouir ? La répression administrative est-elle efficace face aux menaces que fait peser l’extrême-droite sur la démocratie ? Des questions d’une brûlante actualité alors que l’extrême droite semble aux portes du pouvoir.

Nicolas Lebourg (Historien, Université de Montpellier)
Discussion : Vanessa Codaccioni (Professeure de science politique, Université Paris 8), Henri Masson (Président de La Cimade)

4 novembre 2024 : Les médias : agents de disqualification et remparts face à la répression ?

Quels rôles jouent les médias dans la restriction de l’espace démocratique et les atteintes aux libertés associatives ? Un rapport de l’Observatoire des libertés associatives les avait identifiés, parmi d’autres, comme des acteurs tiers de la répression, participant à produire des « pressions à la répression » qui entraînent des sanctions précipitées. En façonnant les imaginaires, ils peuvent également contribuer à disqualifier certaines mobilisations, à l’image de la cause palestinienne ces dernières années. Mais les médias peuvent également contribuer à visibiliser des cas de répression, jouant alors pleinement un rôle de contre-pouvoir informationnel nécessaire au fonctionnement démocratique. Enfin, les médias peuvent aussi être la cible de la répression, notamment financière, à l’instar des médias associatifs comme Radio Pastel à Roubaix ou Télémillevaches.

Pauline Perrenot (Acrimed)
Jérome Hourdeau (journaliste à Médiapart)
Discussion  : Benjamin Ferron (Sociologue, Université Paris-Est Créteil)

2 décembre 2024 : Associations de quartier, clientélisme et pouvoir local

Les relations entre les associations et les pouvoirs publics sont-elles condamnées à l’alternative entre clientélisme et répression ? D’autres relations, plus partenariales, voire de coopération conflictuelle sont-elles envisageables ? Pourquoi les pouvoirs publics, y compris de gauche, peinent-ils à prendre en compte les interpellations citoyennes ? Ces questions qui peuvent se poser pour l’ensemble du monde associatif prennent une acuité particulière dans les quartiers populaires où le monde associatif est marqué par une forte précarité. A partir d’une enquête socio-historique dans une commune communiste de banlieue Violette Arnoulet présentera l’état de ces réflexions sur la question, qui seront mis en discussion par Olivier Provini et Audrey Gondalier.

Violette Arnoulet (sociologue)
Discussion : Olivier Provini (Politiste, Université Paris 1) et Audrey Gondalier (Coordination des quartiers populaires, Pas sans nous)

6 janvier 2025 : Une criminalisation des associations féministes

Les mobilisations féministes sont aujourd’hui fréquemment attaquées, disqualifiées, se voyant reprocher de « trop en faire », « d’aller trop loin » dans la remise en compte de l’ordre patriarcal. Ces attaques ne relèvent pas de la seule disqualification. Elles peuvent faire l’objet de sanctions ou de menaces administratives de la part des pouvoirs publics, le Contrat d’engagement républicain venant favoriser ces contraintes. Au-delà du rôle des institutions, les mobilisations féministes sont également attaquées par des groupes d’extrême-droite. Ces questions seront notamment explorées à partir du cas du Planning familial.

Le Planning familial
Discussion : Alice Romerio (sociologue, Université Paris 8)

10 février 2025 : Haro sur l’antiracisme ! La lutte contre les violences policières sous pression

Les mobilisations antiracistes « briseraient la République en deux ». Cette affirmation du Président de la République et les formes de disqualification dont sont l’objet les luttes antiracistes ont des incidences pratiques : criminalisation des militants, manques de financement et d’espaces de rassemblement, dissolutions d’associations, etc. A partir du cas de mobilisations contre les violences policières dans les banlieues de Lyon et de Rouen on s’interrogera sur les formes spécifiques de restriction des libertés associatives qui touchent l’antiracisme, les conséquences pour les militants et les réponses qui y sont apportées.

Hélène Balazard et Anaik Purenne (chercheuses en science politique, ENTPE)
Discussion : Asti Petit-Quevilly et Sud Asso (sous réserve)

3 mars 2025 : Le droit : une arme pour répondre à l’atteinte aux libertés associatives ?

Dans un contexte politique peu propice à l’épanouissement des libertés associatives, le droit est souvent l’ultime recours pour défendre les associations. Ne faut-il y voir que des luttes défensives ou peut-on envisager de conquérir de nouveaux droits ? Quelles sont les conditions pour un usage efficace du droit en matière de libertés associatives ? Quelles sont les contraintes et limites spécifiques de l’usage militant du droit ? Ces questions seront explorées à la lumière de quelques cas emblématiques récents.

Raphael Kempf (avocat)
Discussion : Stéphanie Henette-Vauchez (Professeure de droit public, université Paris-Ouest Nanterre), Marion Ogier (Avocate)

7 avril 2025 : Un autre financement associatif est possible ! Expériences américaines

Les modalités de financement public de la vie associative, en France, nourrissent la dépendance et la dépolitisation. Dans quelle mesure d’autres modèles existent-ils et pourraient nourrir l’imaginaire démocratique ? Les pouvoirs publics peuvent-ils financer de réels contre-pouvoirs ? Faut-il voir dans les fondations philanthropiques un gage d’autonomie associative, ou de recomposition d’autres formes de dépendance ? Ces questions seront explorées à partir de recherches conduites sur le champ associatif américain - et notamment la « philanthropie de justice sociale » - et seront mises en parallèle avec la situation française.

Thomas Chevallier (sociologue, Université de Lille)
Discussion : Nicolas Duvoux (Sociologue, Université Paris 8) ; Marianne Langlet (Collectif des Associations Citoyennes)

12 mai 2025 : Criminalisation des associations écologistes et de la désobéissance civile

Soulèvements de la Terre, Alternatiba, Extinction Rebellion… : les mouvements écologistes sont au cœur des conflictualités démocratiques contemporaines. C’est pour tout particulièrement le cas des pratiques de désobéissance civile qui connaissent une nouvelle jeunesse ces dernières années. En retour, elles font l’objet d’attaques virulentes de la part des pouvoirs publics, allant des violences policières à la police administrative notamment via la mobilisation du contrat d’engagement républicain. Que dit ces réactions des pouvoirs publics ? Pourquoi une telle appréhension des mutations du militantisme écologiste ? A partir d’une comparaison entre Extinction Rebellion en France et au Royaume-Uni, on interrogera les éventuelles spécificités nationales du traitement institutionnel de la désobéissance civile ou du « désarmement » et les réponses qui lui sont apportées par le monde associatif.

Lucien Thabourey (Doctorant en science politique, Sciences-Po Paris)
Discussion : Antoine Gatet (Président de France Nature Environnement) et Sylvie Ollitraut (Directrice de recherche au CNRS, ARENE)