Fiche n°76

Suite à un article jugé déplaisant, une élue lilloise suspend le vote d’une subvention d’une association de droit au logement

Présentation

Suite à des déclarations dans la presse de l’un de ses salariés, l’APU du Vieux Lille voit le vote de sa subvention suspendu par la nouvelle élue à l’habitat de la ville de Lille. Les débats houleux qui suivront lors du conseil municipal suivant entraineront l’association à se mobiliser contre une élue de l’opposition qui portera plainte pour diffamation.

Description

2008 :
Après les élections municipales qui voient la reconduction de Martine Aubry à la mairie de Lille, le service habitat de la municipalité change d’élue. Mme Staniec-Wavrant laisse alors place à Audrey Linkenheld. La nouvelle élue s’engage dans une politique volontariste en matière de lutte contre l’habitat insalubre et convoque les différentes associations intervenantes sur le logement – parmi lesquelles, les Ateliers Populaires d’Urbanismes de Lille. La réunion est tendue, la nouvelle élue remet en cause tous les fondements du « partenariat » entamé par son prédécesseur. Le président de l’APU du Vieux-Lille se fait écho de la réunion sur un ton polémique dans le journal lillois La Brique : « On était tellement surpris… On aurait dû se barrer direct. Ça veut dire quoi, ’’il n’y a pas de passé’’ ? Quel mépris, quelle inculture… Moi j’ai essayé d’intervenir par deux fois, mais c’est elle qui monopolise, qui distribue la parole, c’est elle qui décide, tu n’as qu’à fermer ta gueule… C’est une espèce de petit chefaillon, elle est extrêmement cassante, elle rentre dans le chou tout le temps »

L’écho de cet article entraine plusieurs discussions téléphoniques houleuses entre l’élue et le président de l’association. Et la sanction sera immédiate, lors du conseil municipal suivant qui doit statuer sur les subventions pour les associations en matière logement : l’ensemble des APU reçoit ses subventions... à l’exception de l’APU du Vieux-Lille.

28 juin 2010 :
Le conseil municipal suivant donne finalement lieu au vote (quelque peu isolé au sein de l’ordre du jour) de la subvention de l’APU du Vieux-Lille. C’est l’occasion que choisit Danielle Cattelin, élue Front national, pour monter au créneau : l’APU du Vieux Lille serait une association en « liquidation judiciaire », dénonce l’élue d’extrême droite. Elle ne peut, par conséquent, profiter d’une subvention municipale. En réalité, Danielle Cattelin, confond l’APU du Vieux-Lille avec l’historique APU de l’Alma-Gare à Roubaix, tombé peu à peu dans l’oubli et définitivement enterré judiciairement au début de l’année 2011.
L’attaque maladroite de l’élue d’extrême droite aura pourtant une conséquence inattendue lors de ce conseil municipal : celle de voir l’élue au logement obligée de défendre publiquement en pleine séance du conseil municipal, le sérieux et les compétences d’une association qu’elle menaçait d’une coupure de subvention.

20 septembre 2010 :
Mais l’histoire n’en reste pas là. Se sentant diffamée par l’élue Front National, l’APU du Vieux Lille décide de répondre, à sa manière. Lors du Conseil Municipal du 20 septembre 2010, les militants de l’association déploient une banderole devant la mairie qui caricature l’élue FN en chien tenu en laisse par Jean-Marie Lepen. Le slogan de la banderole est sans ambiguïté : « Arrête de baver, l’APU n’est pas liquidée ! »

10 mai 2011 :
A la suite de cette action, Danielle Cattelin décide de porter plainte pour diffamation contre l’association et réclame 8000 euros de dommages et intérêts. L’audience à lieu le 10 mai 2011 devant le TGI de Lille.

Type d'action collective sanctionnée

  • Déclaration dans la presse
  • Banderoles

Institution responsable

Elus municipaux de la Ville de Lille (majorité et opposition)

Conséquences pour l’association

  • Énergie dépensée
  • Frais de justices

Sources

Entretien avec Gérard Bonnière, ancien directeur de l’association, 02/12/2019.

Articles de presse  :

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