Fiche n°80

Une association de défense des animaux qualifiée de "terroriste" par le maire d’Alès

Présentation

En octobre 2015, l’association de défense des animaux L214 diffuse une vidéo filmée en caméra cachée qui dénonce les conditions d’hygiène et de souffrance animale dans l’abattoir municipal d’Alès. Devant l’écho médiatique que soulève l’association, le maire LR de la commune est contraint de fermer l’abattoir. Six mois plus tard, il qualifie les méthodes de l’association comme relevant du « terrorisme ».

Description

14 octobre 2015 :
L’association L214 publie une vidéo de cinq minutes commentées par l’actrice Hélène de Fougerolles, fruit de cinquante heures de prises de vues entre avril et mai 2015 dans l’abattoir municipal d’Alès, dans le Gard. On y voit des chevaux étourdis qui manifestent des signes de conscience au moment de la saignée, des cochons entassés dans une fosse et asphyxiés au CO2, des vaches accrochées tête en bas qui se débattent pendant de longues minutes avant de se vider de leur sang… La vidéo a un fort écho médiatique.
Dans un communiqué publié le soir-même, le maire (Les Républicains) de la ville, Max Roustan, se dit « ému par ces images » et ordonne « la fermeture immédiate à titre conservatoire de l’établissement ainsi que le lancement d’une enquête administrative interne sur d’éventuels manquements aux normes d’abattage des animaux ». La mairie précise que des sanctions seront prises si des fautes sont reconnues à l’issue de l’enquête, « pouvant aller jusqu’à la fermeture définitive de l’abattoir ».

28 avril 2016 :
Dans le cadre de la commission d’enquête de l’assemblée nationale sur les « conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français », le président, Olivier Falorni, reçoit pour audition MM. Jack Pagès, directeur de l’abattoir d’Alès, et Max Roustan, maire d’Alès. Au cours de l’entrevue, ce dernier déclare :

« Je maintiens que la méthode employée est scandaleuse. Mais on le voit bien, cette association n’a qu’un but : faire de nous des végétariens ! Je ne comprends pas qu’aujourd’hui, dans le monde dans lequel on vit, des minorités veuillent imposer aux autres leur manière de fonctionner. Je ne conteste à personne le droit de manger des légumes ; moi-même, je les adore. Mais cela ne justifie pas des opérations « commando » aussi scandaleuses.
Mon personnel a été vraiment traumatisé, ma ville aussi. Je vous rappelle tout de même que nous avons reçu des menaces – on connaît ta femme, ta fille, ta maison, etc. – et même des menaces de mort ! Les courriers étaient datés et signés, même pas anonymes.

C’est allé très loin. Quand une association va aussi loin, on peut carrément parler de terrorisme. Cela ne peut pas durer ainsi ! Nous nous trouvons aujourd’hui sous la menace permanente d’organisations qui veulent imposer aux autres leur manière de fonctionner.

Je crois qu’il vous appartient, à l’Assemblée nationale, de prendre certaines décisions, notamment sur la question de l’étourdissement. Pour nous, c’est vraiment important : si l’on ne peut plus abattre sans étourdissement, nous ne pourrons pas continuer notre activité. »

Conséquences pour l’association

En réponse à l’accusation de terrorisme, L214 ne manque pas de rappeler le message de Luce Lapin, journaliste de Charlie Hebdo, auteure de la rubrique de défense animale « Les puces » et survivante de l’attentat qui a visé son journal en janvier 2015 : « Aux associations de protection animale qui se font parfois traiter de “terroristes” (je pense entre autres au CRAC Europe), répondez que Luce Lapin, présente dans les locaux de son journal Charlie Hebdo le jour de l’attentat et qui est survivante, se fera un plaisir d’expliquer ce que sont vraiment des… terroristes. »

Sources

Articles de presse :

Documents  :

Date