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Fiche n°53

A Aurillac, le préfet et la municipalité imposent un dispositif sécuritaire drastique pour le festival de théâtre de rue

Présentation

Après les attentats de 2015 et 2016 à Paris et à Nice, le préfet du Cantal et la municipalité d’Aurillac imposent un dispositif de sécurité drastique à l’association Eclat qui organise chaque année le festival de théâtre de rue d’Aurillac. Le centre-ville est bouclé, accessible uniquement via des plusieurs check-point. La Fédération des Arts de la Rue dénonce une entrave à la liberté de circulation du public, la liberté de diffusion du spectacle vivant et, in fine, à la liberté d’expression.

Description

Édition 2016 :
Après les attentats de Paris de novembre 2015 et l’attentat de Nice du 14 juillet 2016, les mesures de sécurisation de l’espace public connaissent un développement exponentiel.

Lors de l’édition 2016, du Festival de Théâtre de rue d’Aurillac, dans l’urgence et la panique, la municipalité et la préfecture impose à l’association Éclat, organisatrice du festival, un dispositif massif de sécurisation de la ville : embauche d’agences de sécurité privées, contrôles et fouilles du public à l’entrée du centre-ville entre 11h et minuit, installation de barrières grillagées Heras de plus de deux mètres de haut et de caméras de vidéosurveillance, déplacement d’un hélicoptère pour un contrôle aérien...

Un dispositif de sécurité qui entraine un surcout pour l’événement de 235 000 euros, pris en charge à hauteur de 180 000 euros par le ministère de la Culture et 50 000 par l’association. Lors de l’édition 2016 du Festival, ce déploiement de forces, inédit pour Aurillac, crée certaines tensions entre les corps de sécurité et les festivaliers. Des échauffourées éclatent aux abords du centre-ville le 19 août 2016.

Édition 2017 :
Malgré l’opposition d’Éclat, l’association organisatrice, le dispositif de sécurité est reconduit l’année suivante. L’association réussit pourtant à obtenir des quelques modifications du dispositif : notamment en éloignant les lieux de contrôle des spectacles, en maintenant les représentations à l’extérieur du centre-ville, en écartant le périmètre initial de contrôle délimité par les barrières Heras et en empêchant l’accès aux voitures.

Édition 2018 :
Depuis ces deux années, le dispositif de sécurité est en progressive décrue dû notamment au montant des dépenses de sécurité : la facture se fait trop lourde pour les pouvoirs publics.

Type d'action collective sanctionnée

Jouer librement dans l’espace public.

Institution responsable

  • Préfecture du Cantal
  • Municipalité d’Aurillac

Preuves

Pour la Fédération des Arts de la rue :

« Enfermer le festival d’Aurillac c’est donc enfermer ses habitant.e.s, les spectateurs, spectatrices, c’est enfermer les artistes œuvrant dans l’espace public, mais c’est aussi réduire les droits des citoyen.n.e.s, empêcher les rencontres de tous les enfants de la République. »

Pour le directeur du Festival de l’époque, la question s’est posée :

« Est-ce qu’ils sont là pour prévenir des risques terroristes ou pour nettoyer une certaine forme de délinquance et de dérive sociale que l’Etat et la police auraient remarqué. J’ai posé la question : la police cherche-t-elle plus du haschisch ou du TNT ? La question était celle-là. ».

Conséquences pour l’association

Conséquences financières avec une élévation massive du budget lié à la sécurité. Pour l’édition de 2016, le montant de l’enveloppe sureté-sécurité s’élève à 235 000 euros. Dont 180 000 euros pris en charge par l’Etat et 50 000 euros par le festival qui a dû prendre ce montant sur les budgets réservés aux actions artistiques.

Entrave à la liberté de circulation du public, la liberté de diffusion du spectacle vivant et, finalement, à la liberté d’expression.

Sources

Entretien avec Laetitia Lafforgue de la Fédération des Arts de la rue, 28/10/2019.

Entretien avec Jean-Marie Songy, ancien directeur du festival d’Aurillac, 26/11/2019. songy@aurillac.net

Articles de presse  :

Communiqué et prises de position de la Fédération des Arts de la Rue :

Date