2015 :
L’association Agir pour l’Egalité, organisatrice de la Lesbienne et Gay Pride, demande un entretien pour dialoguer avec la préfecture du Rhône. En effet, depuis près de cinq ans, le défilé est systématiquement empêché d’entrer dans le quartier du Vieux-Lyon, considéré comme le bastion de l’extrême droite lyonnaise (avec la présence de groupuscules comme le Bastion social, l’ex-GUD, Génération Identitaire, ou encore l’institut de formation de Marion Maréchal Le Pen). La réponse de la préfecture est tranchée : aucune manifestation ne peut entrer dans ce quartier.
8 juin 2015 :
Malgré les affirmations de la Préfecture, la branche lyonnaise de La Manif Pour Tous organise un rassemblement anti-GPA quai Romain Rolland, dans le Vieux-Lyon. Et un cortège de près de 30000 personne passe par le quartier du Vieux-Lyon
11 juin 2015 :
La présidente de la Lesbian and Gay Pride, Edwige Marty, estime que
« dans notre République, l’État ne peut tolérer des no-go zones pour les LGBT. Nous tenons à rappeler notre attachement au respect inaliénable de la liberté de manifester pourtant bafouée à Lyon ». Pour elle, la Préfecture abandonne ce quartier « aux mains de l’extrême-droite la plus radicale », avant de promettre des actions en justice si le droit de manifester dans ce quartier n’est pas rétabli les années suivantes.
Juin 2016 :
L’association se voit refuser une nouvelle fois l’accès au quartier du Vieux-Lyon en raison du Championnat d’Europe de football organisé en France et en partie à Lyon.
14 juin 2017 :
Alors que les organisateurs, anticipant de possibles difficultés, avaient envoyés un dossier contenant le parcours de la manifestation en décembre 2016, trois jours avant la manifestation, la Préfecture publie un arrêté d’interdiction partielle du Vieux-Lyon.
L’institution se justifie une nouvelle fois par des questions de sécurité :
« Le but n’est pas d’interdire la manifestation dans son ensemble, mais de prévoir toutes les potentielles interventions de secours à la personne dans un contexte d’état d’urgence et de menaces terroristes. Il faut que le Vieux Lyon soit accessible par les deux ponts ».
« Des arguments qui ne tiennent pas la route » commente Olivier Borel. Pour David Souvestre, Président de Lesbian and Gay Pride de Lyon, avec 10 000 manifestants, il est mathématiquement impossible de bloquer simultanément les deux ponts. Il continue :
« Au départ, on avait 8 chars semi-remorques qui étaient prévus, mais on était prêt à réduire autant que nécessaire ! Après la décision de la Préfecture, on a réduit le nombre de chars à 3. Et on leur a demandé quel était le nombre limite pour ne gêner en rien la sécurité. On a envoyé des courriers, auxquels on n’a jamais eu de réponses. (…) Ce ne sont que des raisons politiques. L’extrême droite s’implante dans le Vieux Lyon depuis 2015, on le sait, et cette interdiction de circuler confirme que le Préfet cautionne cela. »
Face à cette nouvelle interdiction, les organisateurs de la manifestation décident de porter plainte devant le tribunal administratif.
30 mai 2018 :
Le tribunal administratif de Lyon rejette la demande d’annuler l’arrêté préfectoral d’interdiction de manifestation pris les 14 juin 2017 :
Le jugement stipule qu’« Après avoir relevé que la modification d’itinéraire se justifiait par la nécessité de faciliter l’intervention éventuelle des services de sécurité et de secours dans le touristique quartier du vieux Lyon, dans un contexte d’état d’urgence et de forte mobilisation des forces de l’ordre, le tribunal constate que l’arrêté se limite à une modification partielle du tracé de la manifestation, sans l’interdire ou priver le trajet d’un intérêt particulier. Dans ces conditions, le tribunal administratif estime cette mesure nécessaire et proportionnée au regard des nécessités du maintien de l’ordre public ».
31 mai 2018 :
Les organisateurs dénoncent une décision politique. Dans un communiqué, ils expliquent :
« Prenant le contre-pied de son rapporteur public, il est clair, à la lecture de la décision, que le tribunal administratif s’est positionné en défenseur zélé du Préfet, au détriment de la liberté fondamentale de manifester. (…) Nous ne sommes pas dupes des véritables raisons de ce jugement. Ces dernières sont politiques : volonté de ne pas désavouer l’Etat et interdiction de toute manifestation progressiste dans le fief des fachos ! »